Je me suis réveillé aujourd'hui à nouveau avec une panne générale d'électricité. Je me suis rappelé les nuits passées auprès de quelques populations indigènes de la forêt amazonienne. Mais c'était différent. Il y avait la poésie des couleurs et même le noir noir de la nuit ne paraissait pas aussi noir. Et puis il y avait aussi les chants de milliers d'insectes qui sortaient faire la fête jusqu'à l'aube, les voix qui appelaient dès le matin et les cris inconscients de quelques enfants.
Ici le noir de la nuit est plus noir que noir. Les phares d'une voiture qui a l'air de fuir, tracent le contour improbable d'un immense trou noir. Et je ne sens aucune joie dans le bruit sourd des groupes électrogènes. Ils maintiennent à peine l'illusion pour certains que tout continue comme si de rien n'était. Ils me rappellent seulement que les pauvres n'ont qu'une bougie pour s'éclairer.