« C’est l’homme en chemin qui peint. Avec ses pieds, ses jambes, ses épaules, son souffle, avec sa vie entière à chaque pas. L’homme est pinceau, et sa vie en est l’encre. Les traces de ses pas laissent des peintures. »
Alexis Jenni,
L’art français de la guerre.
Il y a d’abord l’attente, l’impatience, l’excitation.
Et puis toutes les questions, quelle mouche m’a piqué !? Pourquoi ? La peur aussi, un peu. L’appréhension, beaucoup. D’un monde inconnu, de l’isolement, sans ressources.
Et puis les « au revoir », les « Bon voyage », ceux inquiets, qui ne voudraient pas être à ma place et ceux qui voudraient y être, qui embarquent avec moi en pensées, et plus. L’au revoir de ma maman aussi, les yeux pleins de larmes. Elle a un peu peur de la durée, de la traversée.
Il y a aussi les « Bon voyage » envieux, qui m’envient de réaliser un rêve qu’eux-mêmes ne peuvent réaliser, non pas celui de monter sur un cargo, non, leurs rêves, tous leurs rêves. Bloqués, enlisés.
Et aussi les « Au revoir » qu’on oublie…de dire.
Départ, arrivée, départ…
Abandonner, laisser à terre, jeter par-dessus bord. Ce voyage a quelque chose de régénérant, de nettoyage, d’allègement.
Recentrage, essentiel.
Uma Travessia
« É o homem a caminho que pinta. Com seus pés, suas pernas, seus ombros, seu sopro, com sua vida inteira a cada passo. O homem é pincel, sua vida a tinta. Suas pegadas deixam pinturas. »
Alexis Jenni,
L’art français de la guerre.
Primeiro há a espera, a impaciência, a excitação.
A seguir, todas as perguntas, o que foi que me deu? Por quê? O medo também, um pouco. A apreensão, muita. Diante de um mundo desconhecido, do isolamento, sem recursos.
E depois as despedidas, os « Boa viagem », alguns preocupados, que não gostariam de estar no meu lugar, outros que gostariam, que embarcam comigo em pensamento, e mais. A despedida de minha mãe também, os olhos cheios d’água. Ela tem um pouco de medo da demora, da travessia.
Há também os « Boa viagem » invejosos, que me invejam por realizar um sonho que eles próprios não são capazes de realizar, não o de subir num cargueiro, não, os sonhos deles, todos os sonhos deles. Bloqueados, atolados.
E também os « Até mais » que a gente esquece... de dizer.
Partida, chegada, partida...
Abandonar, deixar por terra, jogar por cima do ombro. Essa viagem tem alguma coisa de regenerante, de limpeza, de descarrego.
Reequilíbrio, essencial.