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4 Décembre


On a passé la journée d’hier au port. Tout le programme a été chamboulé par le déchargement du catamaran. Les propriétaires et l’équipage montent à bord, de leur bateau, qui est encore sur notre bateau. C’est cocasse de voir comment ils le briquent, l’astiquent, des petits blancs blonds aux yeux bleus, avec chacun leur petite loque à la main. Ils mettent les bouées et puis le drapeau français dans l’étoilé européen. A voir où et comment ils le mettent, notre commandant éructe contre ces marins du dimanche. Leur drapeau est mis aux deux tiers, presqu’en berne. Selon les codes internationaux, cela veut dire qu’ils ont un mort à bord !


L’inspection maritime est là aussi, les représentants des assurances surtout, vérifier que tout est en ordre, qu’il n’y a aucune griffe sur la carrosserie.


Petit à petit, les containers qui entourent le catamaran sont enlevés et comme le dit la femme du propriétaire, qui est aussi la représentante de la compagnie à Philipsburg, c’est comme si on effeuillait une princesse, qui apparaît alors dans toute sa beauté. J’ai du mal à me faire à cette poésie marine de bas étage, à ces métaphores qui sentent la dot et que de beauté ou de princesse, il n’y a devant moi qu’un bus, avec ses sièges passagers en rang d’oignons, soigneusement alignés sur lesquels viendront s’essuyer les uns après les autres les culs de milliers de manants.


Dans les airs, le ballet des containers est permanent. Ici, on n’est plus au Havre. La grue du port soulève un container à moitié ouvert des deux côtés : quatre blacks en sortent, une fois arrivés à hauteur des plus hauts containers. Ils doivent être à peu près à 60 mètres du sol.


Ils accrochent les câbles aux quatre coins du container qu’ils tiennent ensuite de leurs mains, fermement et sont ainsi suspendus dans les airs, à la recherche d’un nouveau container sur lequel se poser. Rien qu’à les voir ainsi, mon estomac se retourne. A plusieurs reprises, les containers ont failli terminer leur balancement sur le catamaran. Sur le pont supérieur où nous sommes, la femme du proprio ne quitte pas son téléphone portable. Entre son mari, quelque part sur une des îles, le représentant de la compagnie à Marseille et le petit jeune à bord du Catamaran, elle s’épanche, elle déverse ses émotions, sa marine hystérie, qui atteint son apogée quand arrive, sur un minuscule canot à moteur, la presse ! Locale bien entendu. Payée, sans doute, en billets de traversée gratuits. Une caméra et un photographe pour annoncer l’arrivée du bus, pardon, de la princesse !


A bord, la tension monte. On n’est pas loin de la lutte des classes, internationale en plus. Imaginez-vous la scène ! Le commandant du catamaran est à son bord, avec son équipage, tous blancs avec t-shirt bleu pâle, short beige, chaussettes blanches et docksides, ces pompes avec des lacets autour qui ne servent à rien et le détail qui tue, les lunettes de soleil calées dans les cheveux. Tout autour du catamaran, les marins philippins, en salopette bleue marine et leur casque blanc sur la tête, à la manœuvre, orchestrée par l’officier en chef, l’armoire à glace ukrainienne, tout cela sous le regard caféiné du commandant qui ne sait pas comment se défaire de sa patronne et de son téléphone portable.


Tant que le catamaran est à bord, c’est notre commandant qui est responsable de la sécurité et comme on dit, seul maître à bord. Imaginez un peu l’autre commandant qui se croit seul maître à bord sur son catamaran ! Alors quand les petits jeunes bien habillés ont commencé à mettre des échelles le long du catamaran pour passer leurs petites loques sur la coque, notre commandant n’a plus supporté et cette fois, au lieu d’aller pour la nième fois vers la machine à café, il a puisé dans son courage et ses ré

serves séculaires ukrainiennes révolutionnaires et donné des ordres clairs et précis à son premier officier et incompréhensibles pour sa patronne, car ils étaient donnés en ukrainien malgré les nombreuses affiches à bord : « Working language on board is english. ». Devant la carrure armoire à glace du premier officier pour lequel n’importe quelle salopette serait trop étroite, la petite troupe de bleusaille s’est bien vite égaillée, en attendant toutefois des ordres de leur commandant qui ne savait plus à quel saint se vouer, à la proue de son bateau, toujours à terre alors qu’il était déjà en mer, et regardait vers le large, désespéré, un peu comme un garçon de café parisien sur les champs Elysées, dans son tablier noir, à qui on aurait soudainement enlevé sa terrasse. Les philippins, eux, se marraient, dans leur langue aux bruits de petites souris affairées.


Finalement, tout s’est bien terminé : la princesse a mis son cul à l’eau, la patronne aux anges, notre commandant et tout l’équipage heureux d’être enfin débarrassés de cette merde qui nous a fait perdre deux jours, un premier au Havre et un autre à Philipsburg.


Quand on quitte le port de Philipsburg, il est 21h30, une mélancolie douce s’immisce dans mes veines, sans raison, sans explications. Peut-être est-ce parce que je n’ai personne à qui dire au revoir ? Ou qu’il n’y a plus personne pour me souhaiter bon voyage. Les manœuvres délicates de sortie du port me ramènent les pieds sur terre, si l’on peut dire.


Très calme, la mer des caraïbes brille sous le soleil. Nous sommes en route pour Port of Spain, sur l’île de Trinidad, à deux encablures du Venezuela. Vingt-quatre heures de navigation en longeant le chapelet d’îles des Antilles, Guadeloupe, Dominique, Martinique, Sainte Lucie, Grenade et puis plus loin, la Barbade.




4 de Dezembro


Passamos o dia de ontem no porto. O programa inteiro foi atrapalhado pelo descarregamento do catamarã. Os proprietários e a tripulação sobem a bordo, do barco deles, que ainda está no nosso barco. É engraçado ver como eles o esfregam, o limpam, pequenos brancos loiros de olhos azuis, cada um com o seu paninho na mão. Colocam as bóias e depois a bandeira francesa na européia estrelada. Ao ver onde e como a colocam, nosso comandante vomita contra esses marinheiros domingueiros. A bandeira deles está hasteada a apenas dois terços da altura, quase a meia haste. Conforme os códigos internacionais isso quer dizer que eles têm um morto a bordo!


A inspeção marítima também está presente, sobretudo os representantes dos seguros, a fim de verificar se está tudo em ordem, se não há nenhum arranhão na carroceria.


Pouco a pouco, os contêineres que cercam o catamarã são removidos e, como diz a mulher do proprietário, que é também a representante da companhia em Philipsburg, é como se despissem uma princesa, que aparece então em toda sua beleza. Tenho dificuldade em engolir essa poesia marinha de baixo nível, essas metáforas que cheiram a dote e como belezas e princesas, só vejo na minha frente nada mais que um ônibus, com suas poltronas em fila, cuidadosamente alinhadas, onde se sentarão umas após as outras as bundas do povão.


No ar, o balé dos contêineres é permanente. Aqui, não estamos mais em Le Havre. O guindaste do porto levanta um contêiner meio aberto dos dois lados: quatro negões saem dele, uma vez chegados na altura dos contêineres mais altos. Devem estar mais o menos a uns 60 metros do chão.


Eles prendem os cabos nos quatro lados do contêiner, o seguram então firmemente com suas mãos e são assim suspendidos no ar à procura de um novo contêiner onde pousar. Só de vê-los assim, sinto um frio na barriga. Várias vezes, os contêineres quase terminaram seu balanço em cima do catamarã. Na ponte superior, onde estamos, a mulher do proprietário não larga o celular. Entre seu marido que está em algum lugar numa das ilhas, o representante da companhia em Marselha e o jovenzinho a bordo do catamarã, ela se derrama, extravasa suas emoções, sua histeria marinha que atinge o apogeu quando chega, num minúsculo barquinho a motor, a imprensa! Local, é claro. Paga, sem dúvida, em passagens gratuitas. Uma câmera e um fotógrafo para anunciar a chegada do ônibus, perdão, da princesa!


A bordo, a tensão aumenta. Não estamos longe da luta de classes, internacional, ainda por cima. Imaginem a cena! O comandante do catamarã, com sua tripulação, todos brancos engomadinhos de camiseta azul claro, short bege, meias brancas e docksides, esses sapatos com cadarços em volta que não servem para nada, e, a cereja do bolo, óculos de sol por cima dos cabelos. Em volta do catamarã, os marinheiros filipinos, com seus macacões azul marinho e capacetes brancos na cabeça, na manobra, orquestrados pelo oficial em chefe, o armário ucraniano. Tudo isso sob o olhar cafeinado do nosso comandante que não sabe como se livrar daquela mulher com o celular.


Enquanto o catamarã está no nosso barco, é nosso comandante o responsável pela sua segurança e, como se diz, o único a decidir. Agora imaginem o outro comandante que se acha também o único a decidir a bordo de seu catamarã! Então, quando os jovenzinhos bem vestidos começaram a colocar escadas em volta do catamarã para passarem seus paninhos no casco, nosso comandante não aguentou e, dessa vez, ao invés de ir pela enésima vez até a máquina de café, juntou coragem e suas seculares reservas revolucionárias ucranianas e deu ordens claras e precisas a seu primeiro oficial, incompreensíveis para a sua patroa, pois foram dadas em ucraniano apesar dos numerosos cartazes a bordo : « Working language on board is english ». Diante da estatura de armário do primeiro oficial, para quem qualquer macacão seria pequeno demais, a pequena tropa de recrutas logo se dispersou, aguardando no entanto ordens de seu comandante que não sabia mais a que porta bater, na proa de seu barco, ainda em terra embora no mar, e olhava ao largo, desesperado, um pouco como um garçom parisiense nos Champs Elysées, com seu avental preto, a quem teria retirado de repente o seu terraço. Enquanto isso, os filipinos achavam graça, em sua língua de barulhos de ratinhos atarefados.


Finalmente, tudo terminou bem: a princesa pôs a sua bunda na água, a patroa encantada, nosso comandante e toda a tripulação felizes de terem finalmente se livrado dessa merda toda que nos fez perder dois dias, um primeiro em Le Havre, outro em Philipsburg.


Quando deixamos o porto de Philipsburg, são nove e meia da noite, uma doce melancolia se imiscua nas minhas veias, sem razão, sem explicações. Talvez porque não tenho ninguém a quem dizer adeus? Ou porque não há mais ninguém para me desejar boa viagem? As manobras delicadas de saída do porto me fazem voltar a ter os pés no chão, se é que se pode dizer isso.


Muito calmo, o mar do caribe brilha sob o sol. Estamos a caminho de Porto de Espanha, na ilha de Trinidad, a pouca distância da Venezuela. Vinte e quatro horas de navegação costeando a cadeia de ilhas das Antilhas, Guadalupe, Dominica, Martinica, Santa Lúcia, Granada e, mais adiante, Barbados.

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